Le proces de Madame Bovary .
Au banc des accuses s’asseyaient trois prevenus : le gerant une revue de Paris, l’imprimeur, et un jeune auteur bien inconnu, Gustave Flaubert.
Celui-ci n’avait pas encore publie, Madame Bovary etait sa premiere ?uvre. Age de 35 ans, il etait le gamin du docteur Achille Flaubert, chirurgien-chef de l’Hotel-Dieu de Rouen.
Apres les deces de son pere ainsi que sa s?ur, survenus la meme annee, il vivait seul avec sa mere dans le pavillon de Croisset, pres de Rouen ; ce pavillon que Maupassant a si bien decrit : « C’etait une jolie maison blanche de look ancien, plantee bien au bord d’une Seine, au milieu d’un jardin magnifique qui s’etendait par-derriere et escaladait la grande cote de Canteleu. Des fenetres de son vaste cabinet d’embauche, on voyait passer tout pres, comme s’ils allaient toucher les cloisons avec leurs vergues, des grands navires qui montaient vers Rouen ou descendaient vers la mer » .
C’est donc 1 petit bourgeois, un fils de famille, eleve dans un milieu medical, un black singles rencontre gratuit provincial, qui vient s’asseoir dans le banc d’la correctionnelle.
Le roman, publie d’abord tel l’integralite des romans de l’epoque en feuilleton dans la Revue de Paris, avait provoque les plaintes indignees quantite de lecteurs. Cela avait fallu supprimer le passage du fiacre ou les deux amants, Emma et Leon, enfermes dans le fiacre, stores baisses, sillonnaient toute la journee les faubourgs de Rouen.
Notre Second Empire etait a l’apogee de son triomphe, nos publicistes avaient donne des majorites ecrasantes et l’on est encore au moment de l’empire autoritaire. La masse des electeurs qui avait porte Napoleon au pouvoir etait rurale et conservatrice. L’Empire s’appuyait via la religion et concernant l’ordre. C’est et cela explique sans doute ces poursuites, destinees a satisfaire l’opinion et par la meme occasion a supprimer 1 journal d’opposition, car sa Revue de Paris etait liberale.
Flaubert, en comparaissant devant ce tribunal, ne se doutait pas que votre proces allait lui apporter une monumentale publicite, allait lancer son livre avec fracas et allait lui assurer la celebrite.
Il est curieux, dans un temps ou la pornographie sevit legerement partout au sein des livres et i propos des ecrans, d’examiner cela pouvait choquer les ancetres, il y a un siecle a peine. Ca nous renseigne concernant l’evolution des m?urs et doit nous inciter a la prudence dans les jugements i propos des ?uvres litteraires ou artistiques.
Les debats ont du etre tres longs a en juger par la longueur du requisitoire et de la plaidoirie.
Au siege du Ministere Public se trouvait l’avocat imperial Pinard.
La defense etait assuree par Me Senard, un grand nom du barreau et de la politique, ancien president de l’Assemblee Nationale, ancien ministre de l’Interieur, un ami une famille Flaubert.
Le delit reproche aux trois accuses n’existe plus aujourd’hui, c’etait : l’outrage a Notre morale publique et a la religion.
Le requisitoire de l’avocat imperial Pinard pantalon d’apres Roger Dumesnil, qui reste l’un des meilleurs specialistes de Flaubert, « un monument de sottise ainsi que mauvaise foi qui semblait ne d’la collaboration de Tartuffe et de Homais » .
Il critique d’abord le titre.
— « On l’appelle Madame Bovary, m?urs de province ».
— Vous pouvez lui donner 1 autre titre et l’appeler avec justesse : histoire des adulteres d’une femme de province.
— « La couleur generale de l’?uvre, permettez-moi de vous le dire, c’est la couleur lascive ! ».
L’avocat imperial Pinard cite ensuite nos principaux passages qui lui paraissent reprehensibles comme portant atteinte a J’ai morale.
Il retient surtout deux passages du livre, qu’il appelle des deux chutes, la chute avec Rodolphe et la chute avec Leon.
Auparavant le procureur avait resume d’une facon tendancieuse le roman. Ceux qui ont lu Madame Bovary (on l’etudie aujourd’hui i propos des bancs du lycee) savent que Mme Bovary qui s’ennuyait dans son village de Yonville-l’Abbaye, a cote d’un mari mediocre qui etait officier de sante et dont « la conversation est plate tel un trottoir de rue » , eut 2 amants, Rodolphe, 1 gentilhomme campagnard et Leon, un clerc de notaire de Rouen, que poussee avec l’usurier Lheureux, elle fit des credits a l’insu de le mari, et que decue avec ses deux amants et redoutant le scandale, car ses meubles etaient saisis par ses creanciers, elle deroba, au capharnaum du pharmacien Homais de l’arsenic et s’empoisonna.
J’ai premiere chute a lieu dans la foret.
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